Tethys n'avait sans doute pas été la seule à s'inquiéter des conséquences du spectacle qu'ils avaient offert hier à tout Sakaar devant la dirigeante. Préoccupée par ce qu'il pouvait advenir d'eux, alors encore sans nouvelles après 24 heures, Tethys avait attraper sa bourse pleine qu'elle avait réussi à remplir après plusieurs mois ici, au gré des réparations pour les anciens et nouveaux résidents de Sakaar. La pilote n'oubliait pas que c'étaient les Terriens et les Sélénites naturalisés qui lui avait permis de se faire sa petite réputation et de pouvoir ramener du matériel au campement. Elle n'irait pas jusqu'à dire que sa présence était indispensable, mais elle avait au moins eu le mérite de permettre à leur campement de se moderniser et d’apporter de meilleurs services aux survivants. C’était pour cette raison qu’elle avait décidé de leur rendre une visite en ce lendemain de grande festivité. Il était peut-être trop tôt pour commencer à s’alarmer, mais cette excursion avait au moins eu le mérite de lui faire récupérer quelques dettes oubliées, et des instruments et machines dont elle avait mainte fois reporter les achats par manque de temps.
Aujourd’hui, elle voulait donc éviter toute mauvaise surprise.
Les bras chargés, Tethys préféra ne lever aucun soupçon chez les membres de la garde et s’aventura dans une petite ruelle peu fréquentée de Sakaar. Ça n’était pas sur sa route, et quand bien même son sens de l’orientation la trompait rarement, elle n’était pas totalement convaincue par le chemin emprunté, mais elle préférait ça aux questions sur la raison de ses -trop- nombreuses courses. Le regard alerte, elle tourna au croisement espérant ne rencontrer personne. Avec les déchets ici et là, et les bras occupés, qui prenait une partie de son attention, rester vigilante prenait une toute autre dimension. Alors quand un objet sembla percuter quelque chose et le bruit retentit, Tethys s’engouffra ni une ni deux dans un bâtiment abandonné, bien trop méfiante pour oser rester à la vue de tous.
Et ce qu’elle y vit la désarçonna.
Un homme.
D’apparence humaine.
Entièrement.
ENTIEREMENT.
Nu.
Il était assis en tailleur, dos à elle, et la pilote s’inquiéta pendant un instant d’avoir peut-être pénétré chez « lui ». Vivait-il à la rue ? Ne pouvait-elle pas l’aider ? Non, se sermonna-t-elle, ce n’était pas le moment d’avoir de la compassion, surtout avec tout ce qu’elle avait fini par acheter. Un regard sur la rue lui apprit qu’elle était toujours déserte, alors aussi discrètement qu’elle était rentrée, elle s’avança alors vers la sortie jusqu’à ce qu’une voix bien reconnaissable l’y empêche. Maudissant sa lenteur, elle se retourna et adressa un sourire maladroit au terrien qu’elle reconnu malheureusement. Loin d’elle l’idée, mais elle était désormais piquée dans sa curiosité de la raison pour laquelle le scientifique se trouvait là, nu, parmi des gravats.
« Bruce ! Qu’est-ce qui vous amène par ici ? »

Et l’image de son dos.
Et du reste.
Indélibile.

Dé: