Fatigué. Il était fatigué. Il avait à peine survécu à l'explosion de la Lune. Mais il avait continué, il n'avait pas lâché. Il était qui il était, mais il était aussi déterminé et avait juré de protéger la Terre et ses habitants à n'importe quel prix. Devoir changer de planète devant son échec à maîtriser le conflit avec Luna avait été une épreuve en soi. Traverser l'univers jusqu'ici une autre. Il ignorait où il avait échouer à choisir une planète avec un système politique plus laxiste et surtout sans tyran à ses commandes. Le visionnaire qu'il était avait vu tout cela venir et n'avait pu y faire grand chose. Mais ils y étaient désormais et il lui semblait qu'il s'agissait du point de non-retour. Mais non. Il n'abandonnerait pas aujourd'hui, même après tout cela. Même après avoir tant échoué. Pas après s'être battu avec tant de ferveur. Il était Tony Stark, Iron Man, le héros doré. Et sur sa vie, il se battrait toujours pour ses convictions et la vie des siens.

Parmi la foule autour de lui, les autres surhumains et mutants restant gardaient la tête basse, à bout de souffle, à bout de motivation, de raison de se battre, à bout de vie. Il ne leur en voulait pas. Il n'était pas loin lui non plus d'abandonner le combat. Mais il ne le ferait pas. Il laissait le Roi Rouge parler, reprenant son souffle. Il ne dirait pas son dernier mot, pour l'instant il utilisait son arme la plus forte: son génie, son cerveau. Il fomentait déjà un plan de rébellion, un plan qui leur permettrait de s'en sortir. Un plan qui lui permettrait de survivre. Le génie détourna d'ailleurs son regard du roi rouge vers le côté, non loin de lui, croiser celui d'une autre personne. Un regard quelque peu désespéré, mais emplit d'une émotion qu'il ne s'était pas cru pouvoir ressentir aujourd'hui. Pour cette personne en particulier. En un instant le discours du Roi Rouge paraissait bien moins important que ce regard.

L'épuisement mourrait derrière la colère, cette rage profonde face à l'humiliation, face à cet alien qui avait déjà fait l'erreur des les proies pour des proies faciles. Il le souhaitait mort,  il ne supportait pas la situation même le forçant à ployer le genou. Doom restait un monarque, un homme de principes et pourtant son égo subissait une telle insulte. Son regard croisa celui de l'homme à ses cotés, une partie de lui souhaitant lui reprocher de l'avoir convaincu de s'agenouiller, il le détestait pour l'avoir rendu si "faible" et pourtant il ne bougeait pas malgré les provocations de ce tyran. Immobile pour la bonne raison que l'autre partie de son regard partageait une inquiétude pour cet imbécile, il le désirait en vie, il le désirait sauf, il le désirait de milles et une façon et le voir désemparé de cette manière fut une source supplémentaire alimentant sa haine pour ce Roi Rouge. Que croyait il ? Seul le grand Doom pouvait faire s'agenouiller Tony Stark.  

"Il mourra."  Lâcha t'il finalement, une promesse et une manière à lui de le rassurer lui. "Si cette planète possède un trône, penses tu vraiment que je laisserais quiconque autre que Doom en profiter ?"  Un mince sourire suivit ses mots, relativisant à sa façon dans une rhétorique cherchant à alléger les épaules de son idiot de héros. "Une question de patience n'est ce pas ?"

Tony soutint ce regard un instant. Il eut un sourire à sa remarque. En effet, Doom ne laisserait personne régner au dessus de lui bien longtemps. Même malgré l'influence que Stark pouvait aujourd'hui avoir sur lui. Ce sourire resta cependant éphémère sur ses lèvres, détournant de nouveau le regard vers le Roi Rouge, son amusement habituel envolé bien loin. « Je ne doute pas de toi, tu le sais. Mais j'ai... » Il se coupa, comme s'il n'arrivait pas à mettre un mot sur cette impression, une sensation, bloquée au fond de sa gorge qui semblait lui faire un certain mal. Il chuchota alors. « ... J'ai un mauvais pressentiment, Victor. » Il serra les dents. Il n'osait pas réellement comprendre ce qu'il ressentait. « Je t'ai dit, que cela arriverait, je t'ai dit où est-ce qu'il fallait qu'on aille, pour survivre. J'ai toujours pu... prédire, bien que je n'aime pas ce mot. Tu me comprends, tu es comme moi, tu vois aussi loin que moi. Mais là, Victor... Je... » Il se tut un instant, inspirant profondément. « Je n'arrive pas à voir plus loin que ce moment... Je n'arrive pas à... » Il serra les poings, se tournant cette fois de face pour regarder son amant. « Notre espèce doit survivre. Et je sais, je sais qu'ici est le bon endroit, même si je dois me faire passer dessus pour qu'on ait une chance, je le ferais. Mais on doit. Survivre. » Il adoucit un instant son regard, hésitant, passant finalement sa paume sur la joue de Doom. « Tu dois survivre. »

Son regard se plissa peu à peu, laissant l'insolence s’effondrer face au sérieux de cette situation. Il l'écouta et ne reconnu que trop bien le sentiment de ces prédictions, elles restaient toujours flous mais constantes. Et cette absence n'avait pas besoin d'avantage de questions pour être interprétées.  "Les prédictions ne sont que ce qu'elles sont ; des prédictions." Rétorqua le monarque, surement plus froidement que nécessaire, car ce manque de futur n'était pas quelque chose que Doom allait accepter. Il avait évité ses yeux pendant tout le long mais se fit avoir vers la fin des mots de son compagnon. "Oh Anthony." Un amusement lui revint en le voyant ainsi, ne se moquant pas mais trouvant la force face à ce regard d'encore une fois jouer à l'optimiste. "Cela faisait longtemps que ton coté martyre n'était pas ressorti. Toujours aussi touchant." Se joua t'il de lui. "Nous vivrons, ne commence pas à vouloir penser le contraire ou ce sera de ma main que tu périras." Doom termina avec un air trop calme pour penser à une plaisanterie, son sourire restant bien en coin mais ses yeux étant eux profondément sérieux.

Nous vivrons, avait il dit, pensant à eux deux, aux Hommes et pourtant à peine ces mots énoncé qu'une tête roula. Doom avait remarqué ce vieil homme se lever du coin du regard, il avait aussi si bien soupiré qu’éprouver une certaine forme de respect pour ce dernier. Il avait signé son arrêt de mort de son propre gré, des idiots se trouvaient partout, Doom n'allait pas culpabiliser pour ce dernier. "Respectable mais suicidaire, il ne compte pas." Souffla t'il, car il le voyait venir à des kilomètres, Stark et sa culpabilité, un duo infaillible dont Doom n'avait clairement pas besoin à cet instant.

Les prédictions n'étaient en effet que des prédictions. Mais Tony ne manipulait guère la magie ou art occulte, extra-ordinaire. Il n'avait que la science pour lui et son génie de cerveau qui comprenait tout, toujours plus vite, toujours trop vite. Il voyait ce que d'autres ne pouvaient voir. Il n'appelait pas cela de la prédiction, mais davantage cela une suite logique. Et l'amusement de Doom ne l'atteignit pas. Pas cette fois. Quelque chose était mort en Tony quand la Terre avait explosé. Il n'était qu'un humain sans pouvoirs qui avait perdu sa maison, des proches aussi. Beaucoup de mots le qualifiaient. Beaucoup étaient utilisés, rarement flatteurs, en sa faveur ou véridiques. Mais humain... humain n'était que peu prononcé dans ces discours à son encontre. Il représentait parfois bien trop les hommes dans leur ensemble, ce qu'ils étaient capable de devenir et surtout ce qu'il étaient jusque dans la moelle de leurs os. Tony ne lui répondit pas... Il n'en avait pas le cœur. Il pensait déjà à une solution.

Mais peu être trop lentement. Une tête roula qui fit frissonner Tony si fort que sa mâchoire en trembla légèrement. ... C'était sa faute. Il les avait conduit là. C'était sa faute... Ce qu'il avait vu... Ce n'était pas le salut des siens, mais bien un avertissement du danger. Il ne fallait pas venir ici... Le génie pâlit, serrant son poing si fort à la vue de cet acte que ses ongles rentrèrent dans sa peau. Le souffle de Doom lui fit cligner les yeux mais il ne bougea pas son regard posé sur le Roi Rouge. « Il ne compte pas non ? Dis-moi Victor, combien de temps crois-tu qu'il se passera avant que les survivants ne se révoltent ? C'est leur nature humaine, l'histoire en est témoin. » Il se tourna vers lui. « Ces gens ne nous connaissent pas, ils ne savent pas de quoi on est fait, ni ce dont on est capable de faire. Et toi et moi on sait bien que si on commence le combat les autres suivront. Il n'est clairement pas habitué à la révolte. Autant agir maintenant que trop tard quand il y aura déjà bien trop de morts. » Le génie inspira profondément, faisant courir sa nanotech le long de son bras pour se former autour de son poing pour l'instant, chargeant une paume. Il n'allait pas attaquer tout de suite, il avait encore l'oreille attentive. Mais il se préparait, car au fond de lui, il savait que cela serait très certainement son dernier combat. « A moins que tu ne veuilles laisser le peu de Latvériens qu'il reste à l'agonie sans rien faire ? »