(8 avril 2005) keep away children, it's dangerous

Loss of hope is root of distress.

Cela faisait déjà deux mois que les Terriens et les Sélénites se confrontaient aux frontières de Washington dans un combat qui semblait sans fin, égaux en force. Tous les jours, c'était devenu la même histoire à l'école Xavier, les plus courageux petit déjeunaient devant les informations tandis que d'autres tentaient d'échapper comme ils le pouvaient à toutes les atrocités en se promenant dans le parc ou en restant cloîtrer dans la chambre.
Mais ce matin, ce n'était pas pareil.
C'était pire.
Tout le serait.
Les informations passaient en boucle depuis quelques minutes déjà les images de cette navette qui avaient explosé en plein vol. Ils savaient tous ce qu'elle contenait : des Sélénites. Leur libération n'était pas passé inaperçue et la plupart était sans doute... La main sur le visage, les yeux écarquillés, Yuuka ne voulait pas y croire. Son thé chaud à côté, elle n'y pensait déjà plus. Sa faim n'était qu'un vague souvenir.
Les élèves s'agitaient, les cris scandalisés, épouvantés, horrifiés résonnaient un à un dans la pièce. Tous se recroquevillaient, les traits tirés. C'était du direct. Ils avaient tout vu.
Et c'était atroce.
Paniquée, les larmes aux yeux, la mutante chercha ses amies des yeux dans la pièce, mais elles étaient déjà plus là. Étaient-elles parties avant le drame ou bien avaient-elles eu le temps d'assister à la même scène qu'elle ? Horrifiée. Elle pensait à tous ces corps, tous ces gens, ces enfants. Un sanglot lui bloquait dorénavant la gorge. Sa vision barrait par l'empathie, la jeune femme se tourna alors vers Amara, sa colocataire et amie, et lui attrapa le bras dans un geste désespéré.
Tout ça était réel ?

« Dis-moi que le professeur Desmond est pas encore parti ? Il n'est pas parti, hein ? »

Sa voix hoquetait maintenant. C'était trop. Elle avait peur, elle était terrorisée. Jusqu'ici, ça avait beau être à une centaine de kilomètres de chez eux, c'était un peu lointain, presque un mauvais cauchemar. Mais là ?...

Pando

KEEP AWAY CHILDREN, IT'S DANGEROUS.
desmarayuu.

Les Sélénites n’avaient aucune pitié. Et pour leur défense, les Terriens non plus. Il y avait des monstres dans chaque camp, des personnes dénuées d’empathie – ou même d’humanité, un terme qui n’était pas réservé aux « non-mutants » quoi qu’en pensent certains. La brutalité des affrontements étaient traumatisantes sur beaucoup de points cependant, ce qui expliquait le moral aussi bas à l’Institut. Les X-Men et l’équipe d’Amara faisaient de leur mieux pour opérer un peu partout sur le globe, mais cela ne semblait jamais suffire. Il y avait toujours des morts, toujours des combats qu’ils ne pouvaient stopper. Des dommages irréparables et des vies brisées. Chez les Terriens comme chez les Sélénites. Elle avait beau savoir que les deux races souffraient, Amara le savait, et pourtant… les Sélénites n’étaient-ils pas les véritables méchants de cette histoire ?

Cette pensée s’enflamma brusquement dans son esprit lorsqu’elle commença à entendre les murmures paniqués des jeunes à l’étude. Focalisée dans la lecture de son livre, elle n’avait pas prêté attention à ce qui se passait à l’écran et leva les yeux à temps pour voir le replay de ce qui venait d’être montré. Une navette. Explosée en plein vol. Une personne se mit subitement à sangloter, une autre à irradier (littéralement) de panique. Et une main, frêle et lumineuse, se referma autour de son poignet. La silhouette habituellement si chaleureuse de Yuuka venait de se ternir. Son regard était illuminé par la détresse. Instinctivement, Amara posa ses mains sur les siennes, cherchant à la réconforter. « Non, non, il n’est pas encore parti, je l’ai croisé ce matin… Il ne doit pas être loin. Tu veux qu’on aille le trouver ? » Elle savait que la simple présence du professeur rassurerait son amie. D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, Yuuka avait toujours eu ce genre de réaction en présence de Desmond. Et Amara avait beau sortir d’un monde qui ignorait tout de la civilisation actuelle, elle n’était pas aveugle pour autant.

Mieux valait de toute façon éloigner la Luciole de cette pièce qui commençait à saturer de théories paniquées et de jeunes gens perturbés. Nouant ses doigts aux siens, elle l’attira dans son sillage, slalomant entre les élèves pour sortir et s’engouffrer dans les couloirs.

(c) AMIANTE

keep away children, it's dangerousft. Amara & Yuuka

•••La serviette autour du cou, Desmond venait de finir de se sécher les cheveux et ses deux mains étaient appuyées sur le rebord du lavabo, son regard fixé sur son reflet. Dans sa chambre résonnait la voix des journalistes, ainsi que le bruit meurtrier du vaisseau s'écrasant sur le béton, condamnant d'innombrables vies Sélénites puis des vies humaines. La guerre frappait aux portes de la planète bleue, surgissant suite à la décision stupide de l'Armée Américaine qui n'avait fait que rajouter un peu plus d'huile sur le feu. Comment en étaient-ils arrivés là ? Comment le conflit avait-il pu prendre autant d'ampleur ? Tout était parti si vite, et une certaine colère grondait dans la poitrine de l'Immatériel envers ce peuple de Luna.

Ses doigts resserrèrent leur emprise sur le rebord du lavabo, et la mâchoire du professeur se serra elle aussi. Il poussa un profond soupire, la crainte gagnant son cœur. Le professeur devait cependant faire bonne figure et rassurer les élèves qui, il le savait, étaient effrayés. Il s'imaginait leur visage, les faciès décomposés de chacun d'entre eux. C'était à lui, parmi ses collègues, parmi ses amis, de les soutenir. De sa main droite, Desmond agrippa la serviette autour de son cou et la laissa reposer sur le pose-serviette, passant une main dans ses cheveux avant d'enfiler un haut, d'éteindre la télévision et de se faufiler en dehors de sa chambre. Les couloirs étaient silencieux, vides ou peu habités. L'ambiance était lourde, maussade, et l'angoisse gagnait les cœurs. Les yeux rivés vers le fond du couloir au bout duquel il finirait par tourner pour atteindre la salle de repos des étudiants, deux silhouettes finirent par s'y dessiner et Desmond ne mit que peu de temps avant de les reconnaître.

Se raclant la gorge discrètement, sa stature continua de s'avancer, et ses yeux clairs observèrent bientôt avec inquiétude le visage de Amara, puis celui de Yuuka. La lumière éblouissante qui émanait de son corps était absente, ternie par ce jour où la peur se répandait chez les uns et les autres. En les voyant marcher, l'air abattu de sa protégée lui apparaissait davantage et la silhouette bienveillante de la romaine aussi. Inutile de demander si tout allait bien, l'homme avait déjà la réponse et s'approcha jusqu'à être près du duo féminin. « Pourquoi n'êtes-vous pas resté avec les autres ? Est-ce que le professeur Xavier est avec eux ? » demanda t-il en lançant un regard à son amie, avant de poser sa main sur l'épaule de son élève aux cheveux roses. Il ne parvenait pas à sourire, encore énervé, encore préoccupé, mais il voulait être là. Pour Amara, et pour Yuuka.
:copyright: 2981 12289 0

Loss of hope is root of distress.

Exception faite du professeur, Amara était la plus vieille personne dans son entourage. Ça n'était pas une critique, ni une remarque acerbe, mais son amie de part ses expériences, avait cette avantage par rapport à Sheryl, Dawn, Kate ou Harmony : elle comprenait immédiatement. Pas besoin d'explications supplémentaires, sa colocataire était toujours d'un soutient quasi immédiat. A son mouvement de tête, la romaine détailla alors rapidement la pièce, avant de joindre sa main à celle de Yuuka et de se faufiler hors de la pièce et de l'ambiance saturée par les mauvaises ondes.

Une fois dans le couloir, éloigné de toute cette agitation, la silhouette du professeur Desmond apparut dans son champ de vision, comme une réponse à ses angoisses et à ses doutes. Lâchant la chaleur rassurante de son amie, elle s'avança rapidement près de l'homme pour glisser sa main dans la sienne et poser sa tête contre son épaule. Les images dans sa tête, son imagination qui tâchait de remplir les blancs avec les détails les plus réalistes possibles, l'aura de Yuuka ne pouvait pas être plus ternie. « Les élèves sont affolés et il n'y a personne pour pouvoir tempérer leur choc.» C'était un murmure, ponctué par un sanglot. Ce type de faiblesses, elle ne voulait plus les montrer et encore moins à son enseignant qui avait tout fait pour elle. Pourtant, savoir qu'au-delà de ses murs, des personnes se battaient, des mutants sans doute, des héros pour les protéger. La luciole leur en était infiniment reconnaissante, évidemment, mais la culpabilité mordait un peu plus sa poitrine. Et si elle avait été là ? Et si ses entraînements ne prenaient pas autant de temps ? « Quand je pense que j'ai posé une candidature pour les X-Men, alors qu'un tel événement m'affecte tellement. » A quoi pouvait-elle bien servir si elle n'était pas capable de se contenir ? D'être la plus forte émotionnellement ? Amara n'avait pas cillé ou à peine, quand la scène avait eu lieu à la TV. C'était comme elle que Yuuka se devait d'agir pour pouvoir protéger un maximum de personnes. Alors pourquoi se sentait-elle concernée à la simple évocation de cette catastrophe ? Une grimace barra ses lèvres quand elle prit conscience de la futilité de ses réflexion. Il y avait eu des morts, des blessés, et tout ce à quoi elle pensait, c'était sa carrière ? Elle recula d'un pas, un sourire contrit sur le visage pour se donner contenance. « Ça va aller. Désolée. Je n'aurais pas du flancher. »

Pando

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